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Stultitia Loquax (des paroles verbeuses)
22 décembre 2005

Soirée entre amis

Cela se produit en général auprés d’amis dont la préoccupation essentielle reste l’âme sœur. Les questions du couple jeune se posent et c’est plein d’une émotion fragile, que les interrogations fusent et que les langues se délient. "Que faire d’un petit ami qui dort trop ? Comment faire pour qu’un homme assume enfin une existence digne de ce nom et arrête de se cacher, lorsqu’on l’interroge sur un avenir commun, derrière un paquet de céréale ou entraine subtilement la conversation sur la composition si fascinante du pain de mie? Est ce que l’amitié peut nous conduire à l’amour, et si oui, comment faire disparaître les corps de trop nombreuses meilleures amies de son prince charmant ? Est ce que inversement, l’amitié peut succéder à l’amour, et si oui, comment faire disparaître les corps d’ex petites amies, nouvelles meilleures amies ?"

La conversation suit donc son cour et pendant qu’avec un regard plein de ce sentiment déraisonnable et dangereux que l’on nomme l’affection, un jeune homme raconte comment sa moitié le réveille tendrement en passant l’aspirateur dans la chambre, et en lui demandant ensuite avec une grande et merveilleuse bonté dans le regard si elle l’a réveillé ? Et bien pendant ce temps la, on (celibataire) se demande pourquoi le dessin de la tapisserie au mur s’obstine à représenter un sapin à l’envers, le tout immédiatement suivi par la mise en place de diverses théories venant abondemment nourrir ma reflexion sur la laicité. (A t’on voulu par ce monogramme répétitif du sapin inversé remettre en cause la portée du « sapin de noël » dans nos sociétés multiculturelles, mettant ainsi en péril l’adhésion des boules sur ce dernier, afin de nier Noël mais plus encore la naissance du petit Jésus?). C’est ainsi que l’on vous retrouve le regard vide et terne, obsédé par une tapisserie moche, et que l’on cherche, vous pensant à tord en mal de rapport humain, à vous intégrer dans une discussion dont vous n’avez pas entendu la moindre syllabe. Les uns vous servent alors les douceurs habituelles, alors que les autres s’emploient à vous poser des questions fondamentales: Pour ou contre la Constitution européenne, que penses tu du paysage politique français actuel, t’aimes bien ce couscous? Et c’est ainsi, que vous passez en quelques minutes dans la soirée, du statut de penseur abandonné et incompris (si possible) à celui de centre d’intérêt de tout ce qui peut constituer une tablée. Alors que vous êtes en train de vous demander si la notion de couscous était mentionnée dans la Constitution européenne par le paysage politique français en tant que particularisme régional post colonialiste; il y en a un à table, le plus dangereux de tous, celui qui n’a toujours pas compris que la discussion « amour-couple-aspirateur-cereale » avait été close dans votre intérêt, celui qui ne sait pas ce qu’est la Constitution européenne et qui aime bien ce couscous, celui la, vous pose la question que justement tout le monde évitait à table: et toi, comment ça se passe avec ton petit ami ? Après une âpre bataille avec une boulette de viande avalée de travers que vous tentez bêtement d’évacuer avec un peu de pain aux 14 céréales, soit autant de chicots entre les dents, vous marmonnez quelque chose du genre : « je suis célibataire ». L’étouffeur se confond en excuse, il ne savait pas. Et la, vous avez l’impression d’avoir commis un crime innommable. Les couples ont alors tendance soit à se séparer, histoire de ne pas attiser la frustration dans votre terrible destinée, soit à se rapprocher, heureux d’échapper à la rudesse de la vie. Il n’y a dans ces conditions plus qu’une seule chose à faire, ce que vous rêviez de faire depuis le début de la soirée, ce que vous n’osiez faire par pur soucis de sauvegarde de votre dignité, ce que vous faites parce qu’il n’y a, après cet affront, plus rien à perdre : Vous penchez ridiculement la tête le plus possible sur le coté, en essayant de la retourner au maximum, pour voir si oui ou non, la tapisserie représente un sapin à l’envers…

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Commentaires
A
pour les repas en famille où tous les frères, soeurs,cousins,veaux,vaches,cochons...sont fiancés et le prouvent en désignant le tendre imbécile qui se trouve près d'eux(,découvrant,la bouche ouverte de stupecfection que c'est décidement la même chose dans toute les familles). Généralement,à ce moment là,un tour de table est effectué par toute l'assemblée pour pouvoir avec férocité tomber sur la seule personne seule,on ne peut plus seule,c'est à dire,le plus souvent,soi.idem quand on a un compagnon,mais que celui ci vous laisse seule,trop lâche pour dire à ses parents que ces fêtes ci,il les passera avec sa moitié préférée(on oublie souvent que nous aussi,n'avons pas osé partir dans la belle famille qui n'a de beau que l'appellation d'usage)...et c'est une observation que je me suis faite,mais qui doit avoir sauté aux yeux des étudiants en droit:tant qu'on avait juste le temps des vacances de noel pour réviser,on se plaigner de ne pouvoir passer d'agréables moments en famille; cette année,ayant plus de temps,j'aurai préféré éviter ces moments.un proverbe allemand,intraduisible mais allons y gaiement pose que "la famille,c'est comme le poisson,au bout de trois jours,ça pue."
Stultitia Loquax (des paroles verbeuses)
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