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Stultitia Loquax (des paroles verbeuses)

3 janvier 2006

Joyeux Noël et Bonne année!

Noël, c’est la paix, le petit Jésus, l’amour entre les peuples, les sourires émerveillés des enfants devant les vitrines, les pères noëls et le sapin, mais c’est surtout : Les cadeaux ! Direction : la FNAC. Elle est assiégée par les bobos et leur Houellebecq, par de pauvres âmes désespérées de ne rien comprendre à la liste de noël de leurs enfants, et demandant dans un mélange de crainte et de honte : « Excusez moi, où sont les mangas (coup d’œil au papier) kirouzabgdjvjhfghf ? », et par de pauvres enfants, ne comprenant rien non plus au demande de leur parents : « excusez moi, je cherche un DVD live avec Chopin ». Une fois qu’on a fait la queue indescriptible avec nos idées cadeaux catastrophiques parce qu’on s’y ai pris super tard (genre le 24 au matin), on sort au bord de l’asphyxie physique et mentale, et on se rend compte qu’il faut recommencer pour avoir la pochette FNAC et le petit autocollant père noël. On rampe jusqu’au stand, on fait une tentative de mesure approfondie du nombre d’heure à tenir, et finalement, coincé entre une famille de 5 enfants, dont au moins trois sur les cinq pleurent et un monsieur d’un certain age prenant un plaisir sournois à vous coller au train, on opte pour un emballage original et écolo : le papier journal. Alors qu’on tente d’esquiver le petit dernier de la grande et belle famille qui tente de se moucher dans votre manteau, on coule vers la sortie, elle aussi embouteillée, assumant avec dignité les derniers regards pervers du vieux-qui-vous-collait. On monte dans l’ascenseur avec les 15 autres personnes qui ont eu la même idée que vous au même moment, et le visage aplati contre le miroir on baragouine un « 3éme sous sol » à celui qui est, lui, écrasé contre le bloc de chiffre devant et qui a déjà un étage tatoué sur une joue. L’ascenseur descend allégrement (vu la charge) les étages, et le « front de libération de l’ascenseur » formé en vitesse avec ses compagnons d’infortune, empêche sauvagement d’autres personnes de monter quitte à coincer des pieds et des doigts. On se déverse ensuite en flots ruisselants dans le 3 éme sous sol, ravi de respirer l’air du parking souterrain (toujours plus frais que celui de l’ascenseur). Et, c’est alors qu’on s’apercoit qu’ on ne sais plus où est la voiture. Clé en main, on appuie violemment sur le bouton d’ouverture des portes, pour faire clignoter le véhicule, et après 15 tentatives, et 3 tours de parking à pied, on se souvient enfin du numéro qu’on avez pourtant répété une dizaine de fois : 2éme sous sol, grand B, zone rouge numéro 33 bis. C’etait si facile ! On prend donc l’escalier puant (tout mais plus l’ascenseur !) et on retourne à sa voiture, qu’on retrouve bien evidemment grande ouverte à force d’avoir appuyé sur la clé… C’est au moment où on tente desesperement de faire rentrer le vase du magasin de déco, superbement emballé avec au moins 3 cartons et 20métres carrés de papier rouge et jaune froissés, dans la voiture, que le téléphone sonne. Alors, en tenant d’une main le vase, les clés de la voiture entre les dents, le pied droit bloquant les autres sacs, et le pied gauche vrillant dangereusement sous le poids du « suuuuupeeerbe » vase, on fouille dans le sac à main, sentant le téléphone vibrer mais sans le trouver, parce qu’il est dans sa poche. On décroche enfin, et on explique à l’interlocuteur dans un langage préhistorique à cause des clés dans la bouche qu’on ne peut pas parler mais qu’on l’écoute. Le correspondant, fasciné d’être tombé en pleine guerre du feu avec un téléphone, explique alors que c’est pas la peine de prendre le DVD de Star Wars parce que la cousine du cousin germain de la soeur du destinataire du cadeau lui a passé et que ce petit merdeux l’a gravé. C’est la, que plein d’une rage baveuse, vous crachez les clés dans le coffre de la voiture et injuriait le pauvre type au téléphone (ce que la pudeur ne me permet pas de relatez ici) en postillonant sur le paquet cadeau du vase (qui en plus du papier rouge et jaune, avait du papier transparent, qu’il faudra pas oublier de nettoyer avant d’offrir). Après avoir raccroché, on range les derniers paquets, et on ne daigne pas se retourner pour regarder l’attroupement qui s’est crée autour de vous et qui vous observe etrangement…

Une fois dans la voiture, il faut encore, trouver une caisse automatique, le ticket perdu au fin fond du sac, et la carte bleue perdue tout court. Après avoir un peu maladroitement « reorienté professionellement » la maman d’un monsieur qui essaie de vous doubler dans la queue, on paye et on peut enfin arriver à l’air libre. Et c’est à ce moment qu’on pense que le jour de l’an arrive à grand pas, et qu’on achète en passant un magazine de l’immobilier pour chercher une bergerie dans le Larzac de toute urgence ! Et qui sait, si on trouve rien, ben, le journal pourra toujours servir d’emballage au DVD du petit pirate informatique, qu’on s’est juré de dénoncer à Sarkozy à la moindre réflexion du genre « ah, mais je l’ai déjà… »  Joyeux noël et bonne année !

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22 décembre 2005

Soirée entre amis

Cela se produit en général auprés d’amis dont la préoccupation essentielle reste l’âme sœur. Les questions du couple jeune se posent et c’est plein d’une émotion fragile, que les interrogations fusent et que les langues se délient. "Que faire d’un petit ami qui dort trop ? Comment faire pour qu’un homme assume enfin une existence digne de ce nom et arrête de se cacher, lorsqu’on l’interroge sur un avenir commun, derrière un paquet de céréale ou entraine subtilement la conversation sur la composition si fascinante du pain de mie? Est ce que l’amitié peut nous conduire à l’amour, et si oui, comment faire disparaître les corps de trop nombreuses meilleures amies de son prince charmant ? Est ce que inversement, l’amitié peut succéder à l’amour, et si oui, comment faire disparaître les corps d’ex petites amies, nouvelles meilleures amies ?"

La conversation suit donc son cour et pendant qu’avec un regard plein de ce sentiment déraisonnable et dangereux que l’on nomme l’affection, un jeune homme raconte comment sa moitié le réveille tendrement en passant l’aspirateur dans la chambre, et en lui demandant ensuite avec une grande et merveilleuse bonté dans le regard si elle l’a réveillé ? Et bien pendant ce temps la, on (celibataire) se demande pourquoi le dessin de la tapisserie au mur s’obstine à représenter un sapin à l’envers, le tout immédiatement suivi par la mise en place de diverses théories venant abondemment nourrir ma reflexion sur la laicité. (A t’on voulu par ce monogramme répétitif du sapin inversé remettre en cause la portée du « sapin de noël » dans nos sociétés multiculturelles, mettant ainsi en péril l’adhésion des boules sur ce dernier, afin de nier Noël mais plus encore la naissance du petit Jésus?). C’est ainsi que l’on vous retrouve le regard vide et terne, obsédé par une tapisserie moche, et que l’on cherche, vous pensant à tord en mal de rapport humain, à vous intégrer dans une discussion dont vous n’avez pas entendu la moindre syllabe. Les uns vous servent alors les douceurs habituelles, alors que les autres s’emploient à vous poser des questions fondamentales: Pour ou contre la Constitution européenne, que penses tu du paysage politique français actuel, t’aimes bien ce couscous? Et c’est ainsi, que vous passez en quelques minutes dans la soirée, du statut de penseur abandonné et incompris (si possible) à celui de centre d’intérêt de tout ce qui peut constituer une tablée. Alors que vous êtes en train de vous demander si la notion de couscous était mentionnée dans la Constitution européenne par le paysage politique français en tant que particularisme régional post colonialiste; il y en a un à table, le plus dangereux de tous, celui qui n’a toujours pas compris que la discussion « amour-couple-aspirateur-cereale » avait été close dans votre intérêt, celui qui ne sait pas ce qu’est la Constitution européenne et qui aime bien ce couscous, celui la, vous pose la question que justement tout le monde évitait à table: et toi, comment ça se passe avec ton petit ami ? Après une âpre bataille avec une boulette de viande avalée de travers que vous tentez bêtement d’évacuer avec un peu de pain aux 14 céréales, soit autant de chicots entre les dents, vous marmonnez quelque chose du genre : « je suis célibataire ». L’étouffeur se confond en excuse, il ne savait pas. Et la, vous avez l’impression d’avoir commis un crime innommable. Les couples ont alors tendance soit à se séparer, histoire de ne pas attiser la frustration dans votre terrible destinée, soit à se rapprocher, heureux d’échapper à la rudesse de la vie. Il n’y a dans ces conditions plus qu’une seule chose à faire, ce que vous rêviez de faire depuis le début de la soirée, ce que vous n’osiez faire par pur soucis de sauvegarde de votre dignité, ce que vous faites parce qu’il n’y a, après cet affront, plus rien à perdre : Vous penchez ridiculement la tête le plus possible sur le coté, en essayant de la retourner au maximum, pour voir si oui ou non, la tapisserie représente un sapin à l’envers…

13 novembre 2005

Excusons nous!

Aujourd’hui incendier une école, une voiture ou tout autre matière inflammable semble être un acte fort d’affirmation. Aujourd’hui un « appel à la haine » est un « appel au secours »(Alain Finkielkraut). Aujourd’hui « la violence est légitime ».

Que s’est il donc passé pour que les Institutions, "chasse gardée" des activistes républicains et des bureaucrates adeptes d’un Enarchisme ambiant, s’enferment dans un mutisme hallucinant de lâcheté. Je ne reviendrais pas sur la tiédeur républicaine, mais lorsque quelqu’un, sur un plateau de télévision parle d’une violence légitime, justifiant par la même la « barbarie » ordinaire de ceux que l’on nomme aujourd’hui, de façon très républicaine et bien pensante « les jeunes », le seuil de tolérance me semble largement dépassé.

Justifier, toujours tout justifier. Nous sommes arrivé dans l’ère de la justification de tout, quelque soit les fins et quelques soit les moyens employés…

Ainsi, il est clair que parler de violence légitime dans les banlieues, est tout d’abord une notion totalement erronée. En effet, seul l’Etat, peut dans l’exercice de ses fonctions régaliennes (Police et Justice) pretendre au droit d’exercer une quelconque violence dites « légitime ». Qui plus est, le système démocratique, pose (heureusement) de nombreuses limites à cette violence, demandant à l’état la motivation de ces actes, ne serait ce que par la voie du principe de la légalité des délits et des peines. De plus, la définition du mot même de « légitimité » suppose que la violence soit fondée de « droit », ainsi, on nous parle de « jeunes », détenteurs d’un pouvoir de violence légitime, totalement hors d’un quelconque cadre, sans motivation et dont finalement les compétences outrepasses celle même de l’Etat de droit au sein duquel nous cœxistons. Est ce une aberration ?

Ne jouons pas non plus sur les mots, cela serait trop facile et admettons que ces mots aient dépassé la pensée (je l’espère largement), et que l'on n'ai pas voulu parler de violence légitime au sens ou je l’entend mais d’une violence « compréhensible », ce qui est tout aussi scandaleux. Ainsi, on en reviens encore a la sempiternelle recherche de l’excuse et de la justification de l’injustifiable. Pourquoi ? Peut être parce que nous sommes dans une société qui, faute de réussir à solutionner les problèmes, ce qui demande parfois ce que l’on nommera «courage politique », culpabilise en permanence, afin de ménager à la fois la « chèvre et le chou ». Ne rien faire, mais admettre que l’on a tord, même lorsqu’on a raison. C’est aujourd’hui ceci, le fameux jeu républicain dont tout le monde nous parle. Donc, culpabilisons et mortifions nous de ne rien avoir fait, laissons la violence légitime s’exprimer au risque de paraître « reac’ » et surtout, surtout excusons nous de l’échec cuisant du « contrat politique ». C’est a peine si j’aurais l’outrecuidance de rappeler une règle élémentaire du contrat : sa bilatéralité (au minimum). Mais il serait sans doute odieux et des plus « discriminatoire » de se poser la question quant a l’échec du contrat de savoir quelle est réellement la partie au contrat qui a refusé de s’y soumettre et de remplir ses engagements. Juste un mot : refuser d’aller en cours d’histoire au nom d’une religion ou d’une culture, c’est déjà pour moi dénoncer le contrat politique auquel on prétend. On ne peut pas demander à une partie de remplir ses engagements, sans avoir pour autant remplis les siens. En droit cela s’appelle la mauvaise foi. En politique cela se nomme l’échec républicain !

8 novembre 2005

De l'injustice...

Ou est donc le bourreau, et ou se trouve la victime ? Qui est l’accusé, qui se défend ? On est aujourd’hui dans une terrible confusion des genres, ou la société s’amuse à transformer les règles d’un jeu vieux comme le monde.

Le manichéisme est certes dépassé, et il y a fort longtemps que nous avons appris la modération. Mais les modernes modérés que nous sommes, glisse aujourd’hui sur la pente du tiède, qui n’osant plus rien affirmer, n’osant plus rien infirmer, se retrouve dans le « faux » milieu, celui ou rien n’est plus dit, rien n’est plus fait, et ou tout est politiquement correct.

Nous retrouvons, donc, tiédies, au centre d’un débat qui sent le réchauffé, et qui du reste a refroidie la majorité des politiques. Mais les problèmes demeurent, les solutions tardent, les voitures brûlent, et la démocratie s’enflamme. Facile, pour les visionnaires et missionnaires d'une démocratie "sans flamme" d’envisager des causes, mais ni conséquences, ni solutions ne sont débattus. En effet, il n’y a rien de plus facile que d’accuser les sortants, de se lamenter sur le désastre de l’intégration en France, mais qui s’inquiète de la désintégration de la société française ? Peu de monde, car il est certain que ces questions conduiront a poser les principes d’une plus grande dureté étatique mais si peu "médiatique". Et 2007 approche a grand pas, et il est aujourd’hui plus urgent de chausser ses bottes de sept lieu, que de régler les petits « différends » entre les gens "d’en bas".

Fort heureusement noël arrive et sera l’occasion d’une poignée de mesures démagogiques pour satisfaire le bon peuple de France : du pain et des jeux. Les cités auront depuis longtemps été désamorcées, et les delinquants retourneront à leur délinquance quotidienne et sans éclat. L’Etat distribuera quelques milliers d’euros à ces cités "ideales", et tel le mythe de Sisyphe, il poussera éternellement un rocher qui lui tombe dessus. La violence redeviendra ordinaire et alors tous pousseront un grand soupir de soulagement ravi de s’être débarrassé de ce problème si embarrassant. Les gens « d’en haut » s’excuseront de leur suffisance auprès des gens « d’en bas », et s’accuseront mutuellement d’avoir conduit les « jeunes » a brûler des voitures. Ils pointeront aussi un doigt accusateur, envers ceux, qui non content d’avoir un travail, avait aussi une voiture, qui attirait l’œil de nos jeunes Erostrate...

Alors, les pauvres victimes d’hier, honteuse d’être les bourreaux d’aujourd’hui, tourneront le dos, en s’excusant de n’être point malhonnête, reprendront leur travail a pied ou en bus, en espérant chaque jour ne pas être licencié par leur entreprise, qui étouffée par les charges qui augmentent afin de rembourser les dettes « sauvageonnes », risque a tout moment de ne plus pouvoir faire face. Etc., etc.…

Voilà donc, ou nous conduit le renversement des rôles, voilà ou nous conduit l’éternelle et électorale victimisation des accusés et la douloureuse culpabilité des victimes, voilà comment naît l’injustice.

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Stultitia Loquax (des paroles verbeuses)
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